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le 15 novembre 1924
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J’ai vu le jour à Chambéry, au coin de la rue de Boigne et de la Place Saint-Léger. Dans mon enfance heureuse, rejeton unique, j’ai eu le privilège d’être entouré de femmes et d’hommes pour lesquels, avec le recul, j’éprouve sans cesse plus d’amour et d’admiration. Parmi eux, un grand-père de légende, que j’ai perdu à douze ans, tient une place particulière. C’est de mon père que j’ai reçu le plus d’éléments directement utilisables dans ce qui devait être par la suite mon parcours public. Tour à tour m’entraînant, me guidant, ma mère m’a fait découvrir le goût de l’initiative, de l’audace, mais aussi de la vie associative et le travail en groupe. Outre l’éducation et l’exemple, j’ai reçu d’elle un véritable réseau d’amitiés dévouées. Elle a été pour moi une mère admirable – et aimée - tout comme une épouse parfaite ainsi qu’en témoignent les sonnets que mon père écrivait pour elle à chaque fête ou anniversaire. |
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Le scoutA l'image de son père, Pierre Dumas est un élève appliqué. Sa scolarité au lycée de Chambéry se déroule harmonieusement. Chez les Dumas, la religion occupe une place importante. Le jeudi et la samedi, Pierre quitte l'appartement familial pour rejoindre ses amis louveteaux. Il apprend la vie en groupe grâce au scoutisme. Son charisme, sa propension à convaincre, en font bientôt un leader. Il devient chef de troupe et démontre de réelles aptitudes à prendre l'initiative quand il s'agit de donner l'exemple. De cette époque, de ce militantisme scout, Pierre Dumas va assurément puiser le ferment de ses engagements futurs. Extrait de l'Hommage rendu par Jean-Olivier Viout, Président d'Honneur des Amis du Vieux Chambéry, le 5 février 2005
Extrait de Scouts de France, lère Chambéry, Livre de Troupe 1939-1945 de Gabriel Rossetti
Dossier du jeune résistant âgé de 16 ans
La France libérée et la paix revenue, Pierre
Dumas entame son cursus universitaire. Le voici bientôt diplômé de l'Ecole
Libre de Sciences Politiques de Paris. A cette date, Pierre Dumas ne reconnaît
pas la République qu'on lui propose et rejoint immédiatement le RPF que vient
de fonder le Général de Gaulle. Il
devient Secrétaire National puis Président du Conseil National des Etudiants.
En mai 1947, Pierre de Gaulle, frère du Général, Président du Conseil de Paris,
lui propose d'entrer dans son cabinet. Il se laisse séduire par l'offre.
L'expérience est enrichissante mais s'achève en 1952 avec le revers du RPF aux Extrait de l'Hommage rendu par Jean-Olivier Viout, Président d'Honneur des Amis du Vieux Chambéry, le 5 février 2005
Groupement national des Etudiants RPF - Conférence des Cadres - 5-6-7 mars 1949
L'élu (18 mandats)
Le dimanche 27 avril 1958, Pierre Dumas prend pied dans la vie politique du département : il devient Conseiller Général du canton de Beaufort. Entré dans le sérail des élus savoyards, il se trouve ainsi en situation de porter les couleurs de l'Union pour la Nouvelle République dont la fondation vient d’accompagner le retour du Général aux affaires. A la suite de la dissolution de l'Assemblée Nationale, il se jette dans la bataille des élections législatives. Le 30 novembre 1958, il est élu député de la troisième circonscription de la Savoie, celle du bassin chambérien et de la vallée de la Maurienne. A cette date, Pierre Dumas n’imagine pas mener une carrière politique, son souhait est de jouer uniquement un rôle dans la création de la Cinquième République voulue par le Général de Gaulle, et n'entrevoit pas d'abandonner sa carrière aux Cartonneries de La Rochette où il exerce le poste de Directeur Commercial. Mais son destin en dispose autrement. Il l'envoie à nouveau représenter la Savoie au Palais Bourbon, aux élections de 1962, 1967, 1968, 1969, avant qu'il ne dirige ses pas vers la haute Assemblée du Palais du Luxembourg, élu Sénateur de la Savoie en 1986 pour neuf ans. Vice -président du Conseil Régional Rhône-Alpes de 1986 à 1998, en charge des transports et communications, Pierre Dumas est l'un des premiers promoteurs de la liaison ferroviaire Lyon-Turin. il est également convaincu que les liaisons des hommes et des marchandises avec l'Italie doivent passer par le rail. L'immédiate proximité de l'aéroport de Lyon et la nouvelle ligne TGV Paris-Méditerranée lui offre la possibilité de militer pour un nouveau projet : la création d'une gare permettant une correspondance directe entre l'avion et le rail. Au nom de la région Rhône-Alpes, il soutient l’audacieux projet de l’architecte Calatrava d'un édifice monumental, en forme d’oiseau, image de l’envol de la Région Rhône-Alpes et de son dynamisme. A
ceux qui, impatients, railleront la faible fréquentation de la nouvelle gare
ferroviaire, Pierre Dumas toujours en avance d'un tunnel, opposera l'analyse et
la vision du long terme, celle qui distingue le visionnaire du gestionnaire en
déficit de prospective. Car pour lui "l’important,
c'est d'agir. Faute de quoi, on doit plus tard subir, démolir ou solder". Extrait de l'Hommage rendu par Jean-Olivier Viout, Président d'Honneur des Amis du Vieux Chambéry, le 5 février 2005 Viste de chantier de la future gare de Satolas
Le maire de Chambéry 1959-77 1983-89Conseiller Général, Député, Pierre Dumas au seuil de ses 35 ans, incarne en ce début 1959, bien au-delà du cercle de ses amis politiques, l'espoir d'un renouveau au Conseil Municipal de Chambéry. Le 15 mars, à l'issue d'une campagne où il livre son programme et son ambition pour sa ville natale, Pierre Dumas reçoit avec surprise et humilité l'adhésion massive des chambériens qui le portent à la mairie avec ses 26 co-listiers. Placé au rang de première urgence, son premier chantier ne manque pas d'ambition : inventorier les besoins et les possibilités foncières pour permettre l'installation de nouvelles entreprises pour développer l'emploi. Mutations des mentalités et des ambitions, la ville se transforme. Le 8 et le 9 octobre 1960, sillonnant les rues pavoisées de la cité ducale aux côtés du Général de Gaulle, et fier de l’accueil que ses concitoyens manifestent au Président, Pierre Dumas lui présente l’Avenue des Ducs de Savoie, nouvelle voie de circulation salvatrice de l'engorgement de son centre ancien. La fusion de Bissy engage une première action d'envergure : réaliser une zone industrielle sur l'emplacement de ses anciens marais. L'aménagement attire de nombreuses entreprises. L'industrie ayant désormais son site, Pierre Dumas se penche sur d' autres secteurs d’activité économique : La zone commerciale de Chamnord et les zones d'activités des Landiers et des Epinettes. Sa volonté d'accueillir des entreprises nouvelles implique l'accueil de leurs nouveaux salariés. Sur les terres agricoles de la Croix-Rouge et de Chambéry-le-Vieux, la construction d'une nouvelle cité est engagée en 1964 et en 1977, 12 000 chambériens élisent domicile à Chambéry-le-Haut devenu entité à part entière. Habituée à vivre autour de son château, la ville doit désormais regarder beaucoup plus loin. Pierre Dumas et sa municipalité réalisent alors la liaison routière vers Chamnord et la zone industrielle de Bissy, par la création d'une voie rapide urbaine avec le percement d'un tunnel sous les Monts. Mais Pierre Dumas, enfant de la rue de Boigne, ne néglige pas le cœur historique dont il connaît l'état de délabrement et d'insalubrité de certains quartiers. La difficile et rebutante décision de démolir le multicentenaire faubourg Maché est prise. «C'était une œuvre de salubrité nécessaire, confiera Pierre Dumas. Je regrette qu'on en soit arrivé là mais il faut retenir cette leçon : entretenir, restaurer, voire rénover si on ne veut pas être condamné à démolir un jour ». Mettant en application cette résolution, la municipalité de Pierre Dumas décide, en 1969, la création d'un secteur sauvegardé de 17 hectares destiné à assurer la conservation et la mise en valeur de l'ensemble du centre ancien de la ville.Vient l'heure de l'utilisation du site des casernes Curial et Barbot judicieusement acquis par la ville. En 1975, un concours d'architectures est organisé. Le projet Bicking privilégie la conservation du Carré curial tout en intégrant une démarche architecturale résolument contemporaine recueille l’option du jury. Durant les 24 années de mandatures municipales de Pierre Dumas, d'autres chantiers sont conduits : le Centre hospitalier, les Foyers pour personnes âgées de la Calamine, de Méandres et des Charmilles, 3966 logements HLM, les Lycées Monge et de la Cardinière, les collèges de Bissy et de Côte-Rousse, le Gymnase Jean Jaurès, le Maison des jeunes et de la culture, l’Espace Malraux...pour ne citer qu’eux … En 1988, quelques jours avant Noël, Pierre Dumas annonce qu'il ne se représentera pas aux élections municipales du printemps. Menant depuis 1984 le terrible combat contre la maladie, il mesure l'immensité du pari que représente une nouvelle mandature de six ans. Il cède sa place avec dignité et confie à ses proches : « Les fonctions de maire sont fascinantes mais épuisantes. Je ne peux préférer un souvenir à un autre. Je garde en mémoire les marques de solidarités et de sympathies, délicates et discrètes de tant de chambériennes et chambériens que j'ai reçus ou rencontrés au cours de ces longues années » Extrait de l'Hommage rendu par Jean-Olivier Viout, Président d'Honneur des Amis du Vieux Chambéry, le 5 février 2005 Le Maire de Chambéry à son bureau de l'Hôtel de Ville L'équipe municipale de son quatrième et dernier mandat Le ministre 1962-69En 1962, Georges Pompidou nommé Premier Ministre, appelle Pierre Dumas au Gouvernement et lui confie le Secrétariat d'Etat aux Travaux Publics. C'est le début d'une longue collaboration et d'une particulière proximité entre les deux hommes que tant de traits de caractère rapprochent. A la faveur d'un remaniement ministériel, Pierre Dumas occupe la délicate fonction de Secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement où durant cinq ans, il donne la pleine mesure de ses talents de pondération et de diplomatie. En 1967, devenu Secrétaire d'Etat au Tourisme, il se distingue par l'image médiatique d'un ministre baigneur, plongeant dans les eaux glacées de la Manche prouvant ainsi que les opérations de dépollution menées à la suite du naufrage du pétrolier Torrey Canyon sont terminées. C'est à Pierre Dumas que nous devons également l'ouverture du chantier dit de «l'étalement des vacances ». Puis vient l'heure de son implication dans le grand dessein social assigné par le Général de Gaulle à son gouvernement, celui de la participation et de l'intéressement des salariés à la vie et aux résultats de l'entreprise. Aussi, est-ce naturellement à lui que Maurice Couve de Murville appelé à Matignon en 1968 confie le portefeuille de Secrétaire d'Etat aux Affaires Sociales. Et c'est en mettant au service de ses idées sa force de persuasion que Pierre Dumas tentera de faire partager à chacun de ses interlocuteurs son adhésion profonde dans la vision d'une nouvelle relation entre les acteurs de la vie sociale. Il aime alors rappeler le propos affectionné du Général : « Là où est la volonté, là est le chemin ». Au
Gouvernement de la Cinquième République, sept années durant, Pierre Dumas
demeure l’homme de l'engagement authentique, tel que l’ont connu ses premiers
compagnons de résistance lycéenne. Extrait de l'Hommage rendu par Jean-Olivier Viout, Président d'Honneur des Amis du Vieux Chambéry, le 5 février 2005
Le président
Parallèlement à son action féconde qui, de 1963 à 1983, va être la sienne à la tête du Conseil d'Administration du Parc National de la Vanoise, sa présidence active à l'Office National des Forêts, de 1973 à 1983, Pierre Dumas va jeter son énergie dans la concrétisation de sa vision d'une grande liaison routière reliant directement Lyon à Turin. En 1962, il n'est pas étranger à la pressante déclaration du Général de Gaulle dans son discours public marquant son voyage présidentiel dans la cité des Gaules : "Il faut percer l'Epine et le Fréjus". Car l'idée d'un nouveau percement du Fréjus par un tunnel routier, lancé avant lui par Edouard Herriot, remonte aux premiers jours de Pierre Dumas à son arrivée aux affaires de la Savoie. Il en sera le protagoniste et le promoteur. En 1962, il crée la Société Française pour le Tunnel du Fréjus. Il en assurera trente-sept ans la présidence. A l’annonce de la décision parisienne de privilégier le Tunnel du Mont-Blanc, Pierre Dumas redouble d'ardeur pour expliquer et convaincre les collectivités locales et les forces vives de la Savoie de forcer le destin. Pour lui, le percement du tunnel du Fréjus est une nécessité. Aussi se plait-il à rappeler que parmi les actionnaires de la jeune société, bientôt célèbre SFTRF, figurent de petits villages de Maurienne forts seulement de quelques centaines d'habitants. Jusqu'en 1998, date de son inévitable recapitalisation, la SFTRF demeurera la seule société autoroutière française au sein de laquelle l'Etat ne sera pas majoritaire. Le 12 juillet 1980, le tunnel du Fréjus est mis en service et la vallée de la Maurienne a définitivement inscrit son autoroute et ses ouvrages d'art dans son paysage. En juillet 2000, l’autoroute de la Maurienne est achevée. Le 10 juillet 2003, Pierre Dumas reçoit le titre de Président Fondateur du GIE Tunnel du Fréjus. Extrait de l'Hommage rendu par Jean-Olivier Viout, Président d'Honneur des Amis du Vieux Chambéry, le 5 février 2005
Inauguration du Tunnel du Fréjus sous la présidence de Monsieur Raymond Barre, Premier Ministre Le représentant de la France
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